| | | | | houda | dis: en vérité, ma prière, mes acte | modératrice | | 103 messages postés |
| Posté le 15-04-2004 à 00:41:39
| salam alaykoum wa rahmate Allah, bonne lecture a tous. : ) je sais c'est un peu long!!!!! Umm As-Sa`d L’instructrice des dix lectionnaires Le mardi 10 février 2004. Umm As-Sa`d (1925 - ?) Lorsqu’elle eut achevé la mémorisation du Noble Coran à l’âge de quinze ans, Umm As-Sa`d se rendit auprès de la Sheikhah Nafîsah Bint Abî Al-`Ulâ [1] - la Maîtresse de son temps, lui demandant de lui enseigner les dix lectionnaires (qirâ’ât) du Coran. Cette dernière lui posa une condition étrange, à savoir de ne jamais se marier. Elle refusait en effet d’enseigner aux filles, car une fois mariées, elles devenaient très occupées et négligeaient le Noble Coran. Le plus étonnant est que Umm As-Sa`d accepta la condition de sa Sheikhah, connue pourtant pour sa sévérité envers les femmes, voyant en elles des personnes inaptes à porter le fardeau de cette noble mission. Ce qui encouragea Umm As-Sa`d à accepter était que Nafîsah elle-même ne s’était pas mariée, malgré les nombreux prétendants prestigieux ayant demandé sa main, et resta vierge jusqu’à son décès, les quatre-vingts ans passés, après une vie entièrement consacrée au Noble Coran ! Le dévouement a ses hommes... et ses femmes également ! Umm As-Sa`d dit avec satisfaction : « Parmi les bienfaits de mon Seigneur est que tout individu habilité , à Alexandrie, à la récitation du Noble Coran, dans quelque lectionnaire que ce soit, a obtenu son habilitation (ijâzah) de ma part, que ce soit directement ou indirectement, par l’intermédiaire d’une personne que j’ai moi-même habilitée. » [2] Elle confirme sa fierté d’être la seule femme - à sa connaissance - pour qui les récitateurs et les mémorisateurs se déplacent en vue d’être habilités par elle dans le domaine des dix lectionnaires. Elle est heureuse que les centaines d’habilitations qu’elle a délivrées aient une chaîne de transmission débutant par son prénom, suivi de celui de son instructrice Nafîsah, se prolongeant via des centaines de mémorisateurs, y compris les dix lecteurs qui ont donné les dix lectionnaires (`Âsim, Nâfi`, Abû `Amr, Hamzah, Ibn Kathîr, Al-Kisâ’î, Ibn `Âmir, Abû Ja`far, Ya`qûb et Khalaf), et remontant jusqu’au Messager élu, Muhammad - paix et bénédictions sur lui. Sa vue s’est éteinte mais son cœur s’est illuminé Umm As-Sa`d Muhammad `Alî Najm de son nom, aveugle de son état, âgée de soixante dix-sept ans, est la femme la plus renommée dans le monde des lectionnaires coraniques. Elle est la seule à s’être spécialisée dans les dix lectionnaires. Sur les cinquante dernières années, elle a délivrée, et délivre toujours, des habilitations dans les dix lectionnaires (al-qirâ’ât al-`ashr). Arrivé dans le quartier d’Ash-Shamarlî, à Baharî, l’une des régions les plus prestigieuses d’Alexandrie, nous demandâmes où habitait la Sheikhah. Tout le monde se bouscula pour nous indiquer sa modeste demeure. Sa présence faisait pour eux office de bénédiction et ils disaient d’elle qu’elle portait bien son nom [3]. Chez elle, nous vîmes des mémorisateurs du Coran de tous âges, des hommes et des femmes, entrer et sortir par petits groupes. La diversité de leurs milieux sociaux se voyait sur leurs vêtements. Les cours des femmes et des filles se déroulaient de huit heures du matin jusqu’à quatorze heures de l’après-midi, puis se tenaient les cours des hommes jusqu’à vingt heures, le tout sans interruption, sauf pour accomplir les cinq prières et prendre un repas rapide, pour permettre à la Sheikhah de poursuivre ses enseignements. Les superstitions populaires et le défi de la cécité Umm As-Sa`d est issue d’une famille pauvre du village d’Al-Bandariyyah dans la banlieue de la ville d’Al-Munûfiyyah, au nord du Caire. Une maladie avait atteint ses yeux alors qu’elle était âgée d’à peine d’un an. Ses parents n’avaient ni les moyens, ni vraisemblablement l’instruction suffisante, pour la faire soigner par les médecins. Ils eurent plutôt recours au kohol et à diverses huiles et recettes populaires qui aboutirent à sa cécité, comme bon nombre d’enfants de l’époque. Il était alors de coutume dans les milieux ruraux de mettre les enfants aveugles au service du Noble Coran. C’est ainsi qu’elle acheva la mémorisation du Noble Coran à l’école de Hasan Subh à Alexandrie, à l’âge de quinze ans. Âgée de vingt-trois ans, Umm As-Sa`d remplit sa noble mission et fut habilitée dans les dix lectionnaires par Sheikhah Nafîsah. Sheikhah Umm As-Sa`d raconte qu’à l’époque où elle avait mémorisé le Coran dans les dix lectionnaires, le nombre de mémorisateurs était réduit et il n’y avait ni radio ni télévision. On faisait alors appel à elle, comme à sa Sheikhah, pour réciter le Coran à certaines occasions et lors des fêtes religieuses. À l’époque, il était admis qu’une femme psalmodie le Coran en présence d’hommes, ces derniers n’hésitant pas à flatter sa récitation et la qualité de sa psalmodie. Mais elle précise que cette coutume a disparu de nos jours, avec l’augmentation du nombre de récitateurs et l’omniprésence de la radio, de la télévision et des enregistrements dans les foyers. Tout ce qu’une mémorisatrice peut désormais faire est de réciter dans une manifestation privée pour femmes, chose rare au demeurant... Elle pense que la raison pour laquelle on ne fait plus appel à des mémorisatrices pour réciter le Coran est la propagation, ces dernières décennies, de l’idée que la voix de la femme est une `awrah. [4] Mais cela ne lui pose pas de problème dans la mesure où les hommes mémorisateurs sont devenus nombreux et les médias contribuent à la diffusion de leur récitation. Son programme quotidien : du Coran, rien que du Coran Toutes sortes d’aspirants se rendent auprès d’elle pour mémoriser le Coran ou obtenir son habilitation dans le domaine des lectionnaires, des gens de toutes les tranches d’âge, de toutes les catégories professionnelles, de divers milieux sociaux et scientifiques (des adultes et des enfants, des hommes et des femmes, des ingénieurs, des médecins, des instituteurs, des professeurs des universités, des lycéens et des étudiants universitaires etc.). Elle consacre à chacun une audition quotidienne ne dépassant pas une heure, durant laquelle elle écoute sa récitation et apporte les corrections nécessaires, passage après passage, jusqu’à ce que le disciple fasse une revue complète du Coran dans l’un des lectionnaires. Chaque fois qu’un disciple achève l’apprentissage d’un lectionnaire, elle lui fournit une habilitation écrite, portant son cachet personnel, et attestant que cet étudiant est un « serviteur du Coran » ayant récité tout le Coran avec exactitude et précision selon le lectionnaire auquel elle l’habilite... Elle dit : « Soixante ans de mémorisation, de psalmodie et de révision du Coran font que je n’en oublie absolument rien... Je me souviens de chaque verset, la sourate et le chapitre où il figure, ses similitudes avec d’autres versets et la manière de le réciter dans tous les lectionnaires. J’ai l’impression de connaître le Coran comme mon nom et je n’imagine pas que je puisse en oublier une lettre ou me tromper. Je ne connais rien d’autre en dehors du Coran et des lectionnaires. Je n’ai étudié aucune science, ni suivi aucun enseignement, ni mémorisé quoi que ce soit hormis le Coran et les sciences des lectionnaires et du tajwîd. Je ne connais rien en dehors de cela. » La fidélité des disciples Interrogée sur ses disciples et les liens qu’elle entretient avec eux, elle dit : « Je me souviens de chacun d’eux. J’ai habilité certains à la récitation d’un seul lectionnaire. D’autres - peu nombreux - ont reçu des habilitations dans les dix lectionnaires, estampillées de mon cachet spécial dont je ne me sépare jamais et que je ne confie à personne, même pas aux gens de confiance. » Elle ajoute : « Certains d’entre eux sont devenus occupés et ne me rendent plus visite. Mais la plupart m’appellent, viennent me voir et prennent de mes nouvelles de temps en temps. » Elle en dénombre, non sans fierté, nombre de récitateurs, de prédicateurs, et de mémorisateurs du Noble Coran ; l’un d’entre eux a même décroché le deuxième prix au concours international de mémorisation du Coran organisé tous les ans en Arabie Saoudite. Le plus connu parmi ses disciples est le Sheikh Ahmad Nu`ayni` qui lui a récité le Coran et a obtenu son habilitation, au même titre que nombre d’enseignants et de Sheikhs de l’Institut des Lectionnaires à Alexandrie, qui, chaque fois qu’ils accordent une habilitation dans la mémorisation du Coran, mentionnent son nom au début de la chaîne de transmission remontant au Prophète - paix et bénédictions sur lui. Les épouses des mémorisateurs sont jalouses de la Sheikhah ! Sheikhah Umm As-Sa`d raconte avec amusement que les épouses de certains mémorisateurs manifestèrent de la jalousie à son endroit et la crainte qu’elle leur "pique" leurs époux, tellement ceux-ci parlaient de leur Sheikhah avec fierté et respect. Ceci poussa les époux à emmener leurs femmes aux séances d’apprentissage pour s’assurer que de telles craintes étaient infondées à l’endroit d’une vieille femme aveugle ! Elle ajoute : « Par ailleurs, certains hommes hésitaient un peu à étudier auprès de moi parce que je suis une femme, d’autres s’en sont abstenus. Mais le Sheikh Muhammad Ismâ`îl, le prédicateur salafi le plus renommé d’Alexandrie, a émis une fatwâ les autorisant à cela, notamment lorsqu’il a pris connaissance de mon âge ; il a même envoyé les femmes de sa famille étudier auprès de moi. » Les festivités du jour de la khatmah... La fête et les cadeaux Le bonheur d’Umm As-Sa`d est à son summum le jour de la khatmah, jour où elle décerne l’habilitation à un disciple. Bien que cet événement se soit produit plus de trois cents fois, elle en garde une photo à chaque fois, la dernière habilitation en date étant celle d’une femme concernant le lectionnaire de Nâfi` selon la transmission de Qâlûn. Le jour de la khatmah se tient un repas, ou un salon de thé avec des pâtisseries. L’auteur de la khatmah lui offre alors un présent : une jellaba, une bague, un bijou en or, chacun selon ses moyens. Le plus beau cadeau que ses élèves lui aient offert fut un voyage pour le pélerinage, le Hajj et la `Umrah, avec un séjour d’un an dans le Hijâz, tous frais payés. Ce qu’elle apprécia le plus dans ce voyage, après le Hajj et la `Umrah, fut l’opportunité qu’elle eut de réviser le Noble Coran et de délivrer des habilitations à des dizaines de mémorisateurs de divers pays musulmans dont l’Arabie Saoudite, le Pakistan, le Soudan, la Palestine, le Liban, le Tchad et l’Afghanistan. Elle éprouva un plaisir particulier à habiliter une jeune femme saoudienne à peine âgée de dix-sept ans. Surprise : je me suis mariée, que ma Sheikhah me pardonne ! Avant de quitter la Sheikhah, elle ne manqua pas de nous surprendre. Lorsque nous l’interrogeâmes sur son disciple le plus intime, elle répondit : "Mon mari !" Il s’agit de Sheikh Muhammad Farîd Nu`mân qui, avant son décès, était le récitateur le plus connu à la radio d’Alexandrie. Il est également la première personne habilitée par Umm As-Sa`d. Elle raconte au sujet de son mariage : "Je n’ai pas pu tenir la promesse faite à ma Sheikhah Nafîsah de ne pas me marier. Il me récitait le Coran dans tous les lectionnaires. J’ai ressenti de la sympathie à son égard. Il était aveugle comme moi et avait mémorisé le Coran étant très jeune. Je lui ai enseigné pendant cinq années entières. Lorsqu’il a fini l’apprentissage des dix lectionnaires et a obtenu son habilitation, il a demandé ma main en mariage et j’ai accepté." Leur mariage dura quarante ans durant lesquels ils n’eurent pas d’enfants. Elle commente ce fait, disant : "J’ai le sentiment que Dieu choisit toujours le bien pour moi. Avec des enfants, j’aurais probablement eu d’autres occupations et je n’aurais pu me consacrer au Coran, que j’aurais peut-être oublié." La Sheikhah continue toujours à se dépenser tel un fleuve qui apporte généreusement les flots du Coran... Traduit de l’arabe du site Islamonline.net. [1] Sheikhah, féminin de Sheikh, est un titre honorifique donné aux savants et aux maîtres du savoir. [2] L’habilitation traduit ici le terme arabe de ijâzah. Il s’agit en réalité d’un diplôme attestant qu’une personne a mémorisé et récité le Coran sans faute aucune devant un maître lui-même titulaire d’un tel diplôme. Cette attestation précise qu’untel a récité le Coran devant untel qui l’a lui-même récité devant son maître, et ainsi de suite jusqu’à remonter au Compagnon qui l’a récité devant son maître, le Prophète Muhammad, qui l’a lui-même récité devant l’Archange Gabriel qui l’a reçu directement de Dieu. [3] As-Sa`d signifie en arabe le bonheur et la joie. "Umm As-Sa`d" désigne la femme qui apporte le bonheur. [4] Nos lecteurs peuvent lire à ce sujet un article de Sheikh Mohammad Al-Ghazâlî dans notre bibliothèque. |
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